lundi 26 décembre 2011

Test : Rayman Origins

Jeu testé pour Game One, mais encore une fois, ce test est très différent.


Il peut se passer des choses en huit ans. On peut passer son brevet, avoir son bac, obtenir un diplôme d’études supérieur et bosser à Game One. On peut aussi rencontrer une fille, emménager avec elle, se marier et avoir des gosses. On peut attendre avec désespoir une suite à l’excellent « Beyond Good and Evil ». Et on peut toujours se faire kidnapper par des lapins débiles, devenir un personnage de second plan et tomber dans un quasi anonymat pour toute une génération à venir. C’est cette dernière option qu’a choisi Rayman, notre héros national sans bras ni jambe. Par chance, en 2011, tel un phœnix qui renait de ses cendres, il revint, encore plus majestueux que le souvenir qu’il nous avait laissé. On l’attendait, on n’y croyait plus, mais à l’instar du messie, il est revenu (sauf que là, on n’a pas attendu 3 jours, mais huit ans… ça fait un peu long). Alors oui, l’attente fut interminable, mais finalement, que fallait-il mieux ? Une suite sortie en 2007 qui aurait repris tout ce qui avait déjà été vu dans la série, avec quelques apports, mais sans rien transcender, et finalement se contenter juste d’un bon jeu, ou bien alors être patients et enfin recevoir entre les mains, non pas un jeu, mais un chef-d’œuvre rarement égalé dans le monde du jeu vidéo ?

Comme vous avez pu très certainement le comprendre en lisant le paragraphe précédent, ou en regardant le test que j’ai réalisé pour Game One, je considère Rayman Origins comme un véritable chef-d’œuvre, et la raison qui explique le mieux ce ressenti, c’est que le jeu est véritablement un chef-d’œuvre. Je suis bien conscient qu’écrire cela ne persuadera pas grand monde des nombreuses qualités du titre (ce qui est fort dommage), alors il est temps de commencer à vous exposer ce qui résonnent comme des preuves de cette réussite vidéoludique.

Encensé par la presse (dont j’ai fait partie, et j’en suis fier !!!), mais visiblement boudé par les joueurs (ce sont toujours les meilleurs qui pâtissent…), Rayman Origins a pourtant tout du jeu pour plaire. Commençons par son emballage (non, pas la boîte du jeu !!!). Je parle bien évidemment de ce qui saute aux yeux en premier : l’esthétique du jeu. Graphiquement, il a beau s’agir d’un jeu en 2D, le jeu est magnifique et offre à voir certains des plus jolis graphismes de cette année. Il n’y a qu’à voir des screenshots ou simplement des vidéos du jeu pour s’en convaincre. L’ambiance visuelle est tout simplement merveilleuse et l’impression de se trouver devant un dessin animé est constante. Jamais un jeu de plate-forme 2D n’avait encore aussi bien réussi cet exploit. Pour dire les choses franchement, on a quasiment pas vu mieux depuis le premier Rayman, qui à l’époque était déjà une réussite incontestable. Mais de beaux graphismes ne font pas tout. S’il n’y a rien qui accompagne le tout, quel intérêt ? Et ça, Michel Ancel l’a encore une fois bien compris. Avant de créer un jeu, un gameplay ou un scénario, il est nécessaire de concevoir un univers. Et encore une fois, c’est une véritable réussite. La main du maître a une nouvelle fois laissée son empreinte dans le monde vidéoludique. Tout est beau, tout est frais, et tout regorge d’éléments qui ne sont que délices pour l’œil. Qu’il s’agisse du premier ou du dernier plan, tout est vivant, tout semble vouloir inviter le joueur à vivre une expérience inoubliable, tout n’est que succession de tableaux devant lesquels le joueur ne peut que rester béat d’admiration et d’émerveillement.

Et ce n’est pas tout ! Cette impression indéniable de dessin animée est évidemment renforcée par les animations des personnages présents à l’écran, héros comme ennemis. Tout est fluide, aucun ralentissement n’est à signaler, et les actions des personnages sont toutes plus réussis les unes que les autres. Toujours remplis d’humour, les mouvements des protagonistes sont de véritables plaisirs visuels. Il n’y a qu’à voir Globox se déplacer pour avoir soudainement un sourire aux lèvres à en dérider votre grand-oncle neurasthénique, qui mettra du temps à s’en aller. Et ces ennemis qui se prennent des baffes à tout bout de champs, risibles tellement le côté cartoon du soft est mis en avant, sans pour autant dénaturer l’œuvre que l’on nous offre. Bref, vous l’avez compris, le jeu est beau, fluide, et ses animations tout simplement délectables.

Cependant, un jeu beau et fluide, c’est très bien, mais s’il s’agit du seul point fort du jeu, cela n’est pas vraiment intéressant. Rayman Origins a toutefois eu huit ans pour se soucier du reste, à commencer par le gameplay. Et quel gameplay ! D’une simplicité évidente, mais d’une efficacité redoutable. Quatre boutons et une possibilité de mouvements pourtant variée. Sauter, courir, baffer, planer, changer de taille, nager, courir sur les murs,… Sur le papier, si cela peut sembler un peu trop, voire un peu confus pour certaines des actions présentées, une fois la manette entre les doigts, la prise en main est immédiate. Tout est tellement instinctif que l’on a presque l’impression d’y avoir joué tout sa vie. Aucune imprécision ici, seulement un sentiment de plaisir et de bonheur. Et cette maniabilité exemplaire ne se contente pas juste d’être là, pour faire bien ; elle sert un level design tout bonnement fantastique. Rarement une telle construction de niveau n’a été aussi maîtrisée dans un jeu de plate-forme 2D de profil. J’irai même jusqu’à comparer avec Super Mario World, c’est pour dire le degré d’excellence de ce que l’on nous propose de parcourir. Rien n’est pensé au hasard, tout a été conçu comme un ensemble cohérent. La moindre plate-forme prend tout son sens, qu’elle que soit l’endroit où elle a été placée. L’intégralité des niveaux est une mise en forme d’un savoir-faire inattaquable et d’une qualité rarement imaginable de nos jours. Sans oublier tous les éléments dissimulés un peu partout dans les mondes que l’on explore. Chaque recoin mérite d’être fouillé afin de découvrir tous les secrets dont le jeu regorge. Médaille, porte secrète ouvrant vers un niveau caché amenant vers une cage, ou tout simplement des lums, on est sans cesse en train d’essayer d’obtenir le maximum d’objets afin de compléter le niveau entièrement, et comme la conception de chacun est parfaite, le plaisir est là, toujours.

Les niveaux d’ailleurs, parlons-en. C’est à travers six mondes aux univers différents qu’ils sont répartis. D’une jungle pleine de vie, en passant par le monde musical et ses instruments, sans oublier le monde glacé et ses cocktails ou encore un monde chaud comme la nourriture mexicaine qui y est présentée, vous aurez de quoi être dépaysés et enchantés. Evidemment, des niveaux sous-marins sont présents, comme à l’accoutumée dans ce genre de jeux. Là, je vois des visages se crisper. Des mondes sous l’eau. Le cauchemar de tous les joueurs, surtout en matière de plate-forme. Cependant, vous pouvez vous rassurer sans problèmes, ici, point de problème de maniabilité ou de construction de niveaux répétitive. Non, ces niveaux marins tiennent eux aussi de la perfection, avec une jouabilité impeccable. Un exploit pour un jeu de plate-forme, et le plaisir n’en est que démultiplié. Bien sûr, l’ensemble du soft ne propose pas juste de la plate-forme pure et dure, mais offre aussi le retour d’un ancien de l’univers de Rayman, Moskito. Les fans se souviendront de ce moustique que l’on peut chevaucher dans le premier opus afin de parcourir des niveaux en volant, eh bien il est de nouveau présent lors de sessions de shoot aérien. Par shoot aérien, entendons-nous bien, on ne parle pas de séquences semblables à un passage d’Ace Combat, non, mais de séquence en profil, en scrolling, à dos de moustique, canardant à la fois les ennemis et essayant d’attraper le plus de lums, tout en évitant de mourir. Des séquences qui viennent régulièrement ponctuer les niveaux, et parfois lorsque l’on s’y attend le moins. Un bon moyen de varier les plaisirs.

Alors finalement, ce Rayman, il semble très bon, mais, sur la longueur ? Parce que de nos jours, les jeux sont de plus en plus courts et rapides à finir, surtout pour ce qui est de la plate-forme. Mais justement, la durée de vie, parlons-en ma bonne dame. Soixante-six niveaux, la plupart ayant un record de chronomètre à battre, pouvant alors espérer une durée de vie d’à peine 3-4 heures. Oui, pourquoi pas, en lisant ça, on se dit que c’est possible, et donc trop court. Mais c’est sans connaître notre héros sans bras ni jambe, mais pas sans challenge. Parce que du défi, il y en a dans Rayman Origins. Tout d’abord, la collecte des lums. La plupart des niveaux en demande 300 pour obtenir  le maximum d’electoons. Lors des premiers mondes, pas de problème. On parvient même facilement à obtenir les 350 lums permettant de décrocher la médaille. Et puis peu à peu, la difficulté évolue. Et on se réjouit d’obtenir les 150 lums permettant de décrocher au moins un electoon. Pareil pour les portes cachées. Relativement simples à trouver au début, véritable enfer plus tard dans le jeu. Mais la palme revient aux médailles de la mort (rapportant 25 lums, ce qui n’est pas négligeable). Chacune de ces pièces représente un défi pour les obtenir. Dextérité obligatoire, et prise de risque assumée. Les fans de jeux de plate-forme qui proposent un défi seront comblés. Ah, et puis je ne vous ai pas parlé des coffrapattes. Ces niveaux qui demande un certains nombres précis d’electoons pour que l’on puisse y accéder, et qui sont nécessaires de terminer pour ceux qui veulent connaître la vraie fin du jeu. Le principe est simple, vous devez poursuivre un coffre avec des pattes qui court à travers un niveau. Simple ? Oui, sur le principe, rien de bien compliqué. C’est sans compter l’ingéniosité (et le sadisme ?) des concepteurs du jeu. La moindre erreur et c’est fini, il faut tout recommencer depuis le début. Et ces coffrapattes sont de vraies saletés qui vont vous pourrir. Lorsque l’on sait que la difficulté évolue, et pas qu’un peu, au fil du jeu, on peut craindre le pire pour les derniers niveaux de coffrapattes. Mes chers amis, je vous souhaite en effet du courage. Par chance, les mondes classiques vous préparent à la difficulté. Parce que oui, le jeu n’est pas aussi facile que le début peut le laisser croire. Et ce n’est pas plus mal. Ubisoft nous offre un véritable défi avec Rayman Origins, et seuls les plus téméraires et les plus habiles en découvriront la (vraie) fin. Le jeu ne permet aucune faute, le moindre contact avec un ennemi vous tuant. Mais ce ne sont pas les ennemis qui vont le plus vous poser de difficultés, mais les niveaux en eux-mêmes. Parfaitement vicieux, ils offriront un défi aux plus acharnés, qu’il faudra intelligemment appréhender, sous peine de devoir recommencer. Toutefois, le jeu n’est pas pour autant frustrant. Oui on perd, oui on recommence, mais non on ne perd pas son plaisir. Un petit mot sur le niveau de fin, le vrai, caché. Difficilement accessible et encore plus difficile à finir, il offre le véritable combat contre le boss de fin. Même si la difficulté peut vous paraître élevée vers la fin, je vous conseille vivement de vous accrocher, parce que cette fin et ce niveau... Je ne pensais jamais vivre ça dans un jeu vidéo... Accrochez-vous les amis, le jeu en vaut largement la chandelle.

Un gameplay exceptionnel, un visuel magnifique, une difficulté corsée bien comme il faut... Mais pour quoi au juste ? Eh bien pour le plaisir du joueur seulement. Oui, ce n’est pas le scénario, ou plutôt le prétexte du titre qui va motiver à jouer. Mais encore une fois, dans un jeu de plate-forme, ce n’est pas véritablement ça qui compte. Alors finalement, on s’en moque, non ? C’est la sensation du joueur qui prime.

Et la sensation du joueur, elle passe aussi par le son. Parce que oui, Rayman Origins n’est pas le genre de soft qui néglige cet aspect. Les bruitages sont tout simplement excellents et volontairement débiles, ce qui ne nuit pas à l’atmosphère du titre qui est tout aussi loufoque. Quant aux musiques, on ne pouvait espérer mieux. Rarement une musique de jeu vidéo n’avait été aussi monumentale. Comme si la crème des compositeurs s’était réunie pour mettre en œuvre ces multitudes de pièces maîtresses qui ornent musicalement le jeu. Des thèmes aux ambiances mexicaines, en passant par des thèmes épiques, sans oublier  les musiques sous-marines tout bonnement parfaites, le jeu n’est que pur régal pour les oreilles. Les influences de John Williams ou Jerry Glodsmith sont immédiatement identifiables, il y a pire comme maître à suivre. Le top du top revient tout de même au dernier niveau, et oui, encore. Je ne peux que vous encourager à y accéder afin de profiter de cette musique tout simplement fabuleuse. Ce type de musique que je ne pensais jamais entendre dans un jeu vidéo, surtout de ce genre.

A présent, parlons du mode multijoueur. Oui, ce Rayman est jouable à plusieurs, jusqu’à quatre, seulement sur la même console. Non, il n’y a pas de mode en ligne, mais finalement, on s’en moque. Le principe du jeu à quatre dans Rayman Origins, ce n’est pas de jouer à quatre, c’est de jouer à quatre avec ses potes à côté sur le même canapé. Parce que le jeu est drôle, mais à plusieurs, le délire n’en est que plus convivial. On se baffe dans le jeu, et on se vanne en vrai. Bien sûr, la coopération est de mise, mais devant l’enthousiasme que procure le fait de mettre un pain à son pote, qui vient de nous aider, on n’hésite pas une seconde à déconner et à entrer en compétition avec ses amis, pour devenir celui qui obtiendra le plus de lums, ou tout simplement pour l’amusement. Bon, en coop, cela peut s’avérer fort utile d’avoir un pote, mais parfois cela peut aussi rendre l’action plus difficile, dans le sens ou certaines personnes auront plus de facilité en solitaire. Rien de bien gênant évidemment, et d’une manière ou d’une autre, on finira le niveau, et ce n’est que le plaisir qui aura été présent pendant tout le long de la partie.

Voilà. Voilà les preuves que Rayman Origins est un chef-d’œuvre. Voilà pourquoi vous devez vous procurer ce jeu. Oui, ce titre est un des meilleurs jamais créé, et probablement un des plus grands représentant de son genre, la plate-forme. Rarement un jeu ne m’avait autant envouté, je ne m’étais pas pris une claque aussi violente et revigorante depuis 2007 avec Super Mario Galaxy. Rayman Origins est tout simplement le plaisir ultime du jeu vidéo, la quintessence vidéoludique d’un genre, non pas réinventé, mais magnifié par Michel Ancel. Une perle tout simplement. Le cri d’amour d’un concepteur envers les joueurs. La perfection n’existe pas, mais Rayman Origins s’en rapproche très fortement. 19/20, pour être objectif, parce que si je me fiais à moi-même, je lui aurais mis 40/20. A présent, vous savez ce qu’il vous reste à faire. Jouer à Rayman Origins, savourer ce plaisir de la vie que l’on nous offre, profiter d’un titre comme on en voit rarement.

Ce test a été réalisé à partir d’une version PS3, mais pour y avoir joué aussi sur Wii et Xbox 360, je peux confirmer que toutes les versions du jeu se valent.

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