lundi 9 avril 2012

Œuvre fondamentale de l’animation japonaise : Paprika de Satoshi Kon

Je parle de culture dite « geek » sur ce blog. Jeux vidéo principalement, mais aussi manga comme vous avez pu le constater. Et parfois les deux mélangés. Après la critique du premier volume de Btooom ! ou bien celle du dernier animé de Goro Miyazaki, La Colline aux Coquelicots, j’ai décidé de temps à autre de m’attaquer à d’autres œuvres cultes japonaises, à ces chef-d’œuvre de l’animation, ces films qui ont laissé une trace considérable dans l’histoire du cinéma animé nippon. Non, pour le moment je ne parlerais pas de Hayao Miyazaki, bien qu’il soit un génie absolu, puisque tout le monde connaît ses œuvres et sa carrière, je parlerai de ceux qui sont connus, mais probablement pas assez, et qui pourtant ont laissé une empreinte indéniable dans le cinéma d’animation japonais. Allez, il est temps de commencer.

Satoshi Kon, vous connaissez ? C’est un réalisateur japonais de long-métrage d’animation, à qui l’on doit notamment Perfect Blue ou encore Tokyo Godfather entre autres. Mais aujourd’hui, c’est un autre de ses films qui nous intéresse. Assez récent, il faut le dire, mais cela ne l’empêche pas de demeurer une œuvre majeure du cinéma d’animation japonais. Un film qui m’a considérablement marqué et qui je pense s’est forcément inscrit dans l’esprit de ceux qui l’ont vu. Il suffit même de le regarder pour constater qu’il a énormément influencé un des plus grands blockbusters de ces dernières années. Ouais, rien que ça. Alors, de quel film s’agit-il ? De Paprika, sorti en 2006. Non, il ne s’agit pas du goût des Pringles que j’ai mangé hier, mais bien d’un film, et pu*ain, quel film !

Voici l'une des bande-annonce du film. Déroutante sûrement, mais plus intéressante que la plupart des autres trouvées sur le net je trouve. 


Si j’ai choisi ce film, et pas un autre, c’est parce qu’il m’a véritablement marqué, mais aussi parce que j’ai eu la chance de le voir au cinéma, dans d’excellentes conditions donc. Je vais d’ailleurs préciser la situation de ce visionnage. C’était il y a peu, c’est aussi pour ça que la trace de la claque de ce film est encore bien visible sur ma joue, le 5 novembre 2011 pour être précis, et la Cinémathèque Française le diffusait. Dès lors que j’ai aperçu le nom du film dans le programme de la Cinémathèque, ni une ni deux j’ai réservé cet après-midi afin d’être sûr de pouvoir y aller. Et par chance, j’y étais. Et franchement, quelle chance !

Paprika c’est le nom de l’héroïne qui donne son titre au film. Avant d’essayer de vous expliquer en quoi ce film est tout simplement un chef-d’œuvre, je vais vous présenter l’histoire, sans rien spoiler. Au japon, un nouveau traitement expérimental permet de soigner certaines personnes en analysant leurs rêves. Pour cela, un appareil, le DC Mini, est nécessaire. Cet outil permet d’enregistrer les rêves des patients afin de les lire ensuite sur un ordinateur, et alors la personne concerné et la fameuse Paprika essaient de comprendre d’où viennent les troubles à partir de ces rêves. Mais voilà, un jour, les trois seules DC Mini existants sont volés. Le responsable arrive alors à contrôler les rêves des gens et à les manipuler même s’ils ne sont pas endormis. S’en suit alors une traque pour retrouver et arrêter le coupable, mêlant réel, rêve, et parfois les deux à la fois. Voici un résumé très simpliste, mais je n’en dirai pas plus pour ne rien vous révéler.

Alors, qu’est-ce qui fait le charme de ce film, qu’est-ce qui le rend encore plus prenant qu’un autre ? Tout d’abord, son animation. On se doute bien qu’un long-métrage japonais de ce standing ne va pas nous sortir une animation digne d’une production bâclée des mangas des années 80 (dont certains sont très bons), mais tout de même. Il n’y a rien à dire, ici, tout est irréprochable. En même temps, c’est un film de Satoshi Kon, on est habitué à de la qualité, ne feignons pas non plus la grande surprise. Mais quand même. Et puis, cette musique… Comment dire ? Je vais tout bêtement l’exprimer simplement. Les compositions musicales sont sublimes, entraînantes, et restent en tête très très longtemps après avoir vu le film. Certaines vous accompagneront sûrement jusqu’à votre mort même. En particulier celle du générique d’ouverture, que j’écoute énormément souvent, encore maintenant. En ce moment même d’ailleurs, pendant que j’écris, c’est le cas. Susumu Hirasawa a réellement fait un travail remarquable et d’excellente qualité. Et pour preuve, je vous laisse ici un petit extrait, le fameux générique d’ouverture.


Le doublage est évidemment de très bonne facture aussi. Pas de fausse note des acteurs, rien n’est mal joué, tout est admirable et dans le bon ton. Quand je l’ai vu, je me rappelle, je me suis senti « geek », puisque j’ai immédiatement reconnu l’actrice de doublage de l’héroïne Paprika, qui entre autre a participé à Neon Genesis Evangelion. Pas la peine d’avoir l’oreille, c’est juste que ben voilà, je suis une sorte de geek il faut croire.

Mais c’est surtout son scénario, ses thèmes, et sa forme qui en font en chef-d’œuvre du genre. Complexe et abordable, simple et réfléchi, astucieux et prenant, voilà comment résumer ce qui émane de ce film et de son histoire. Le rêve dans le rêve, l’interprétation qu’on en fait, la signification, le côté science-fiction action thriller, se perdre dans ce que l’on voit, dans ce que l’on croit. Non, c’est bien plus évident que ça en a l’air, et c’est en plus un tel ravissement en tant que divertissement, qu’il serait réellement dommage de passer à côté. Et puis avouez, vous avez tous vu Inception de Christopher Nolan. Bon, ben vous vous en doutez peut-être dorénavant, mais le film de Satoshi Kon a été une source d’inspiration majeure pour le réalisateur. Certaines scènes ou références sont même assez évidentes. A la différence que Paprika ose et se permet ce que l’on ne pourrait jamais voir dans un blockbuster américain, à l’instar de ce génie scientifique obèse et boulimique. Cela peut paraître absurde, mais ce personnage clé du film, c’est aussi par ce fait qu’on s’y attache et qu’il est aussi reconnaissable. Et ce n’est pas uniquement pour attirer l’œil qu’il est ainsi, c’est une véritable caractéristique qui sert le film. Ce qui pourrait sembler dérangeant (mais qui ne l’est en rien) aux yeux de certains n’est pas montré dans les films américains tous publics. Et c’est aussi ce qui fait le charme des productions japonaises, on y voit ce que l’on ne verrait jamais ailleurs. Comme cette parade infernale, qui hante l’esprit du spectateur en même temps que les rêves peu à peu cauchemardesques des protagonistes. Tout dans ce film atteint l’esprit du spectateur et le marque à jamais, que ce soit dans son histoire, ses personnages, ou bien son animation.

Paprika est tout simplement un chef-d’œuvre absolu, une merveille de l’animation japonaise et un bijou de film. Il est l'ouvrage d’un génie du nom de Satoshi Kon. Il s’agit d’une œuvre à la puissance phénoménale à voir absolument. C’est aussi le dernier film de Satoshi Kon. Le réalisateur au talent fou s’est éteint en 2010 à l’âge de 48 ans. Alors, quand on sait qu’il n’a réalisé que quatre longs métrages et que le dernier (les autres aussi) est un véritable joyau, un concentré de perfection, un chef-d’œuvre (je ne le répéterai jamais assez), on se dit que oui, peut-être il est temps d’enfin le voir si ce n’est pas encore le cas.

Petit bonus, voici la version longue de la musique du générique d’ouverture. Enjoy and share.

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