jeudi 6 septembre 2012

Video Game High School


Video Game High School. Non, ce n’est pas la nouvelle comédie musicale lycéenne avec des ados qui chantent sur des thèmes de jeux vidéo. Quoique ça pourrait être pas mal comme concept. Bien exploité, avec de l’humour et plein de références, une réalisation dynamique, et des… Non, mais on va oublier. (Note pour moi-même, conserver cette idée dans un coin de ma tête) Ce n’est pas non plus un teen movie parodique, et c’est encore moins une chanson des Ramones (c’est Rock ‘N’ Roll High School la chanson, qui est aussi un film, mais là n’est pas le sujet). Qu’est-ce donc alors ? Pourquoi tant de suspens ? Juste parce que j’ai envie de vous faire patienter. Video Game High School c’est une web série, tout simplement. Tout de suite, j’en entends frémir dans leur T-Shirt Pokémon. Eh oui, web série et qualité, ce n’est pas la première association de mots qui vient le plus naturellement. Mais là, je ne vais pas vous faire languir plus, jeunes impétueux que vous êtes, c’est du bon, du très très bon même. Probablement ce qui est arrivé de mieux au monde de la série depuis bien longtemps. Ok, je m’extasie sur chaque série que je présente ici. C'était le cas pour Community (et c’était justifié), et encore récemment je vantais les mérites de Futurama. Mais là c’est une web série, c’est différent on va dire. Bref, Video Game High School, c’est LA web série à voir.

Avant de vous expliquer pourquoi c’est si bien, je vais vous exposer le pitch. Rien que ça devrait vous convaincre. Imaginez un monde dans lequel les jeux vidéo sont la référence absolue. A tel point que les joueurs sont les nouvelles stars. Les matchs sont retransmis dans le monde entier et visionnés par des millions (voire des milliards) de spectateurs, les champions sont adulés, ils sont les nouveaux héros en quelques sortes. Aux Etats-Unis, il existe une école très sélective, la Video Game High School, qui recrute les meilleurs joueurs afin de les former et de les entraîner. Une école consacrée au jeu vidéo. Le rêve un peu. Sauf que comme pour tout, la vie n’est pas aussi simple qu’on aimerait le croire. Voilà, c’est l’univers de la série, très crédible et tout à fait vraisemblable lorsque l’on regarde les épisodes. Maintenant, je vais parler rapidement de l’histoire de la série. Brian D, jeune joueur de FPS, va lors d’une partie tuer le meilleur joueur au monde, le plus craint de tous. Cette opportunité lui offre alors la chance d’entrer à la Video Game High School afin de réaliser son rêve.


Ce projet, VGHS, vient de Rocket Jump. Ce nom ne vous dit peut-être rien, mais derrière se cachent Freddie Wong et Brandon Laatsch. Oui, les deux créateurs de la fameuse chaîne Youtube freddiew qui postent régulièrement des vidéos très bien réalisées et souvent sur l’univers du jeu vidéo. Mario Kart en vrai, c’est eux, Super Mario Bros à la première personne aussi, l’évolution du motion gaming, idem, la très célèbre vidéo sur Call Of, etc… Oui, ce sont eux. Rien que ça, c’est un gage de qualité. Alors imaginez lorsqu’ils ont eu cette idée de projet qui avait pour but de révolutionner le monde des web séries. Projet plutôt ambitieux. En effet, il y a vraiment une volonté de faire les choses bien dans VGHS. Pas d’acteurs minables ou peu charismatiques, mais des professionnels, et pas de décors tout foireux en carton-pâte et papier mâché, mais des vrais décors et accessoires (avec des ajouts numériques fort réussis aussi). Et quand on veut faire ça, il faut les moyens. C’est alors via le site Kickstarter, site de financement collaboratif (on demande des sous aux gens pour aider le projet) que les créateurs décident de réunir la somme de 75 000 dollars en un mois, s’appuyant sur la générosité des fans. La somme a été réunie… en moins de 24 heures ! Et au final, c’est d’un budget de 273 725 dollars dont les 9 épisodes de la saison 1 ont pu bénéficier. C’est 2,5 fois plus que le budget de la première saison des Mystères de l’amour. Bon, ok, c’est pas une référence, je ferme ma gueule et je reviens au sujet de base. Et cet argent n’a pas été dépensé en soirées de fin de tournage extravagantes à base de putes et de coke, mais bien pour la production de la série, ça se voit et ça se ressent. Lorsque l’on cherche à créer quelque chose d’énorme, l’argent ça aide, surtout quand on sait s’en servir.

L’argent cependant ne fait pas tout. S’il n’y a pas le talent derrière, quelle utilité ? Filez du fric à Robert Rodriguez, il ne fera pas un bon film pour autant. Par chance, l’équipe en charge de VGHS possède un véritable talent. Dans la réalisation, comme dans l’écriture. Parce qu’il faut l’avouer, tout est remarquable ici. VGHS n’est pourtant pas un projet évident à mener. C’est une série qui porte sur l’univers du jeu vidéo mais qui doit contenir tous les codes des séries pour ados. Où quand Beverly Hills rencontre Battlefield 3. C’est un peu ça finalement VGHS. Mais en mieux. Qui dit série pour ados, dit passages rituels obligatoires. Après tout, cette première saison, c’est un peu un parcours initiatique. On retrouve donc le héros un peu looser, son compagnon de chambre qui deviendra son nouveau meilleur ami pour la vie, l’histoire d’amour impossible, le grand méchant beau gosse qui est le roi du lycée, la soirée typique teen ricaine, etc… Et tout ça parfaitement maîtrisé. A croire qu’ils en ont bouffé et bouffé en ne conservant que le meilleur. Bien sûr, certains trouveront à reprocher un manque de réelle originalité sur ce plan là, mais comme l’univers créé autour est tout aussi réussi, on ne trouvera rien à redire. Pour être franc, il s’agit quasiment d’une des meilleures séries pour ados existantes. Certes très typée (c’est volontaire, c’est la référence obligée), mais en aucun cas niaise ou ridicule. Sauf qu’à ce côté comédie dramatique teenager s’ajoute ce qui fait la réelle différence, le jeu vidéo. Et en plus de l’écriture, on se rend alors compte que la réalisation est sublime. Parmi les genres de jeux étudiés à la Video Game High School, on trouve principalement ceux qui font la part belle au scoring et aux classements. Jeux de rythme, de combat, de course, et FPS principalement. Brian D est dans la catégorie FPS. Bien sûr filmer des gens en train de jouer sur leurs écrans serait ennuyeux comme la mort. L’idée trouvée est donc toute simple, mais diablement efficace. On réalise ces scènes comme des scènes d’actions de films de guerre. En gros, on voit les acteurs, en tenue de combat, armes aux poings, dans les décors du jeu, en train de se battre. Comme un film d’action. Et pour les jeux de course, c’est avec de vraies bagnoles. Et comme la réalisation est là, incroyablement bien foutue, on est scotché. On obtient le mélange comédie, action, teenagers, jeu vidéo parfait. Evidemment, la série s’adressant à tout public, il n’y a pas d’effusion de sang dégueulasse, les « tués » présentent une sorte de pixellisation de couleur. Un peu comme Gideon Graves/Jason Schwartzman à la fin de Scott Pilgrim Vs. The World. D’ailleurs, c’est une bonne comparaison, dans un certain sens, puisque le film d’Edgar Wright est à ce jour ce à quoi ressemble le plus VGHS, dans des registres différents tout de même.

D’ailleurs, sur un autre point la comparaison peut se faire : les multiples références au jeu vidéo et à la culture populaire. Finalement, dès que je parle d’une série, on a l’impression que c’est ce qui revient à chaque fois. Mais comment ne pas en parler alors que c’est aussi un des grands atouts de la série? Les références au jeu vidéo sont évidemment les plus évidentes, bien qu’elles ne soient jamais explicites. En effet, l’univers créé est imaginaire, tout comme les jeux qui y sont présents. Et puis la série n’est pas une publicité géante non plus. Le seul jeu réel, cité uniquement, est Guitar Hero, et c’est dans le cadre d’une référence gag (que beaucoup risquent de ne pas forcément saisir, mais peu importe, ça fonctionne quand même). On reconnaît toutefois les allusions assez aisément, qu’il s’agisse de Call Of Duty, Mortal Kombat, Dance Dance Revolution, et j’en passe. Les autres références, non vidéoludiques, sont aussi de la partie, et sont toutes aussi réjouissantes. Pour le cinéma d’ado, on tient presque la référence ultime parodiée façon jeu vidéo, avec ce personnage à veste rouge nommé Games Dean. Et je vous laisse le plaisir de découvrir par vous-même le nom de ses deux potes. On a aussi la scène de duel parfaite dans le genre. Face à face, ils doivent remonter correctement leur flingue afin de tirer et tuer en premier. Ah non, ça c’est la version originale. Ici, face à face, devant leur écran, ils doivent remonter le plus rapidement possible leur clavier et souris, pour entrer dans le jeu et tirer en premier. Plein de codes de différents genres sont détournés et ça fonctionne, parce que je le répète, c’est bien écrit. Les films d’ados évidemment, les films d’actions et de guerre, et même certains classiques qui pourtant de base n’ont rien à voir avec ce que l’on attend d’une telle série. Un épisode se base sur le film Casablanca ! C’est presque aberrant quand on y pense, mais ça marche vraiment bien. D’ailleurs, le détournement d’une des phrases cultes du film est juste parfait.

Et cet ensemble de références, d’allusions, de détournement dessert pertinemment l’univers créé pour la série. Parce que ça va bien au-delà de ce qui pourrait sembler être. Ce n’est pas juste notre monde avec le jeu vidéo comme centre d’intérêt principal. C’est véritablement tout un nouveau monde imaginé. Il n’y a qu’à voir les types d’écrans utilisés, ce que l’on peut acheter dans les distributeurs, les nouvelles technologies, ou encore le sport pratiqué avec une balle… flottante. Tout a été conçu pour retranscrire quelque chose d’unique et dans lequel on se retrouve à la fois. Finalement, on s’attache rapidement à cet univers. Et c’est aussi grâce à ses personnages. Brian D, le nouvel élève qui aimerait réussir et se faire accepter dans l’équipe principale de FPS, son nouveau pote Ted, intimidé par un père champion de jeux de rythme et qui essaye de suivre ses traces, alors qu’au fond de lui il sait que c’est un autre genre de jeu qui l’attend, Ki, la nouvelle élève qui crée des jeux, Jenny Matrix, capitaine de l’équipe FPS et très séduisante aussi, et The Law, le maître en la matière de FPS, craint par tous. Le choix d’acteurs pour la plupart professionnels renforce le côté crédible puisqu’il n’y a ainsi pas de véritable problème de jeu d’acteur médiocre (c’est pas le cas de toutes les web séries…). On se retrouve donc face à une série tout à fait vraisemblable en dépit d’un point de départ assez insolite, et qui réussit parfaitement à nous emballer de façon jubilatoire grâce à une cohérence parfaite entre tous les éléments. Et puis, malgré l’emballage, les thèmes abordés demeurent universels.

Vous l’aurez compris, Video Game High School est LA série à voir absolument, particulièrement si vous êtes fans de jeu vidéo (mais bon, si vous êtes là, je n’en doute pas). L’univers conçu est tout simplement génial et desservi par une écriture et une réalisation parfaitement maîtrisées et efficaces. Certaines scènes sont même à couper le souffle, comme le double duel de l’épisode 4, pour n’en citer qu’une. Il s’agit de ma nouveauté coup de cœur de cette année (Community, que j’ai aussi découvert cette année, existe depuis 2009, donc ce n’est plus une nouveauté, bien que ce soit un de mes coups de cœur). En même temps, mélanger deux choses que j’aime absolument, l’ambiance teen movie et les jeux vidéo, ça ne pouvait que me plaire. On tient probablement la série de « geek » ultime (il y a eu Code Lisa/Weird Science dans les années 90, inspiré du film de John Hughes, mais VGHS va bien plus loin). Il ne vous reste plus qu’à regarder. Je vous laisse le premier épisode, le moins bon puisqu’il faut préparer le terrain, et je vous conseille vivement de continuer. Comme sur Youtube les épisodes sont sous-titrés uniquement jusqu’à l’épisode 5, je vous laisse aussi un lien qui répertorie tous les épisodes en vostfr. En attendant la saison 2, bon visionnage.




Petit bonus musical
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(Air de Ghostbuster) 

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