dimanche 28 octobre 2012

Hero Corp

Le Paris Games Week arrive, ça va parler sans cesse de jeu vidéo, alors avant tout ça, je propose un article qui porte sur un autre domaine, mais qui va tout de même vous plaire je pense.

On a de la chance en France, on possède de très bonnes séries. Non, je ne parle pas des Joséphine Ange gardien, Plus belle la Vie, et autres Scènes de Ménage. Mais il faut reconnaître que l’arrivée de Kaamelott a bousculé nos habitudes. Un savant mélange de comédie, de légende, et même de science-fiction parfois. Une réussite totale menée de main de maître par le brillant Alexandre Astier. Et dans la famille Astier, je demande le frère. Enfin, le demi-frère plutôt. Vous savez, Simon Astier. Celui qui interprète Yvain le chevalier au Lion dans Kaamelott. Eh bien c’est le demi-frère d’Alexandre Astier. Ça se voit en même temps. Et si je le demande, c’est pour une bonne raison. Il n’a pas que Kaamelott à son actif, non, et bien heureusement. Parce que le petit frère du Roi Arthur n’est pas qu’un simple acteur de talent. Il est aussi scénariste et réalisateur.

C’est ainsi qu’avec son ami, acteur et scénariste lui aussi, Alban Lenoir, il va créer la série Hero Corp. Une série de super-héros. En France. Eh bien oui, c’est possible ! Il suffit d’avoir le talent d’écriture qui va avec, une bonne réalisation, de bons acteurs, et hop, le tour est joué ! Et autant ne pas faire durer le suspense plus longtemps, autant le dire tout de suite, tout est réuni ici pour faire de cette série une véritable réussite. On voit que chez les Astier, le talent, c’est contagieux. Et c’est tant mieux.

Au début des années 80, une guerre entre les super-héros et les grands vilains méchants fit rage. Une fois terminée, une agence fut créée afin de répertorier tous les super-héros, et différents sites furent aménagés un peu partout à travers le monde. Cette agence, c’est Hero Corp. Elle a pour but de gérer ses super-héros et de faire régner la paix. Sauf que la vie de super-héros n’est pas aussi super qu’on pourrait le croire… Et puis, en vingt-cinq ans, les anciennes gloires ont vieillies, et leurs pouvoirs avec. Quant aux plus jeunes, ils ne sont pas forcément bien formés, ou leurs pouvoirs ne sont pas forcément si extraordinaires que ça. Cependant, lorsque le plus grand  super vilain de tous les temps, The Lord, réapparaît, il faut agir.


John, environ vingt-cinq ans, est orphelin. Il a été élevé par sa tante, Mary. Cela fait toutefois dix ans qu’il n’a plus aucun contact avec elle, ayant quitté son seul cocon familial dans son adolescence. Lorsqu’on lui apprend le décès de sa tante, il part pour les funérailles, dans un village paumé de Lozère, dans l’intention d’y rester juste quelques jours avant de repartir. Ce qu’il ne sait pas, c’est que c’est tout autre chose qui l’attend. John est un super-héros, et selon une prophétie, c’est lui qui est censé sauver le monde. Oui, rien que ça. Il ne reste plus qu’à lui apprendre la nouvelle, à accepter sa nouvelle condition, à connaître et maîtriser son pouvoir, et à réussir sa mission. Sauf que dans ce petit village de Lozère, ce sont les retraités et les petits nouveaux qui font office de super-héros. Pratique non ?

Hero Corp aurait pu être une simple série humoristique sur des super-héros moisis et vieillissant. Sauf que la volonté de Simon Astier va bien plus loin. Bien sûr, à la base c’est une série comique, mais c’est avant tout une série de super-héros. Il y a donc de l’aventure, de l’action, des pouvoirs, et des rebondissements à n’en plus finir. La grande force de Hero Corp, c’est de s’incruster dans une réalité pleinement existante, et non pas dans un Metropolis ou Gotham City fictif. Et si la Lozère ne semble pas réellement l’endroit le plus propice à ce genre d’histoire, force est de constater que l’ensemble passe très bien. A savoir que les lieux de déroulement de l’histoire vont évoluer peu à peu, ce qui empêche un désintéressement au fil du temps.

Mais si on reste accroché à Hero Corp, c’est par son univers et tout ce background qui a été créé. On n’est pas juste dans un village pourri avec des vieux aux pouvoirs foireux. Un peu, au début, mais très vite on se sent pris dans l’histoire, qui évolue de façon constante. Et puis, Hero Corp, c’est un véritable hommage aux héros de notre enfance et aux comics. Il y a une véritable volonté de faire une série de super-héros sérieuse, sur fond humoristique. Dès les génériques, façon bande dessinée américaine, qui mettent dans l’ambiance. Ou encore grâce à divers éléments, comme les journaux de news sur les super-héros, qui sont en réalité des comics. On ne se sent finalement pas tant que ça dépaysé. Et puis, c’est aussi tout le décalage autour des super-héros et de leurs pouvoirs qui donne le ton et permet de bien entrer dans la série et son univers qui n’est en rien laissé au hasard. Captain Shampooing, Chauve-Souris Man, Captain Sports Extrêmes, et j’en passe des meilleurs comme des pires. Tous ont des pouvoirs, tous sont des super-héros, et tous ont leur passé et leur histoire à eux, bien barré le plus souvent, mais aussi plus sérieux. Après tout, les super-héros ont eux aussi leurs problèmes.


Mais la véritable puissance de Hero Corp, c’est de proposer une histoire solide, qui remplit son contrat de série de super-héros, avec ses scènes d’action, ses pouvoirs, ses rebondissements, ses méchants vraiment méchants, et j’en passe. Il ne faut pas voir en la série une simple parodie d’histoire de super-héros. Derrière cette façade de série humoristique se cache un véritable potentiel de série dramatique et plus sérieuse. On y retrouve d’ailleurs énormément de thématiques propres au genre, comme l’acceptation de soi, la découverte de son potentiel, les rites d’initiations, la mort, la peur, la faiblesse, etc… Oui, dit comme ça, ça peut paraître ennuyeux, mais ça ne l’est pas du tout. S’il faut avouer que la première saison prend son temps, et ne décolle que vers la fin, la suite envoie du très très lourd. On passe de la série rigolote sur les super-héros désuets à la série fantastique d’aventure avec suspense, action, émotion, et tout ce que l’on attend de ce genre de série. Tout s’emballe, il n’y a plus de temps mort, et l’on est constamment scotché devant son écran pour savoir ce qui va arriver. Les épisodes sont riches en rebondissements, et nous offrent des révélations à n’en plus finir qui feraient passer le « Je suis ton père » de Darth Vader pour un classique éculé. Sans oublier les fins d’épisodes qui se concluent sur des cliffhangers de ouf. Il y a vraiment de quoi se faire plaisir, sans voir le temps passer. Parce que chaque saison est constituée de quinze épisodes de vingt-cinq minutes. C’est peu, mais mieux vaut privilégier la qualité à la quantité.

Evidemment, qui dit Astier dit forcément invités de prestige. Dans Kaamelott on a eu le droit à un beau gratin d’acteurs. Il y en a évidemment moins dans Hero Corp, mais c’est déjà assez pour être plaisant. On retrouve bien évidemment la famille. Lionel Astier (Léodagan, son père en vrai), Alexandre Astier (Arthur, mais son demi-frère dans la vie), ou encore Josée Drevon (la mère d’Arthur, mais la mère de Simon Astier dans la réalité), mais aussi d’autres acteurs connus de la série, tel que Christian Bujeau, le fameux maître d’armes. Tous les invités ne sont pas nécessairement passés dans Kaamelott au préalable évidemment, mais il est toujours intéressant de voir ces têtes, souvent connues, faire une simple apparition, ou tenir un plus grand rôle. On n’est loin d’Amel Bent et de son « rôle » dans Scènes de Ménage, et ça fait plaisir de voir des acteurs qui s’amusent, tout en prenant leur interprétation au sérieux. C’est bien là la preuve d’une grande série, non ?

 L'aspect Comics est bien présent, dès le générique

Vous l’aurez compris, Hero Corp est une série à voir absolument. Hommage aux comics, aux séries et aux films de genre, sous la façade de comédie pouet pouet se cache une réelle aventure de super-héros. C’est un peu comme si ce côté humoristique était Clark Kent, et l’aspect fantastique Superman. On dissimule son identité pour mieux dévoiler ensuite la vérité, plus puissante. Bien sûr, tout n’est pas exempt de défauts, comme de rares jeux d’acteurs un poil en dessous des autres, ou quelques scènes un brin moins bien réalisées, mais devant l’ampleur d’une telle série, on ne peut que s’agenouiller et remercier ses créateurs. Entre son humour absurde qui colle parfaitement à l’ambiance, son ton décalé, et son ambiance héroïque bien présente, ce serait dommage de passer à côté.

La deuxième saison s’est terminée en 2010, et puis plus rien. Heureusement, après des années de doutes et d’absence, on a appris récemment qu’une troisième saison verra le jour, probablement grâce au soutien et aux actions des fans. Pas de dates, mais pourquoi pas été ou automne 2013. L’important, c’est que cette saison existe, surtout quand on voit la fin de la saison 2 et son fameux « à suivre… » totalement fou et surprenant. Qui sont les gentils, qui sont les méchants, que se passe-t-il ? On en aura je l’espère des réponses dans cette nouvelle saison. A savoir aussi qu’une bande dessinée adaptée de la série sortira bientôt. On ne peut pas mieux faire comme produit dérivé du fait des inspirations. Enfin bon, voilà, vous savez ce qu’il vous reste à faire. Un coffret regroupant les deux premières saisons est sorti, au prix de 29,99 euros. Ça fait moins d’un euro l’épisode, le tout avec presque dix heures de bonus, et dans un beau packaging. Un beau cadeau pour Noël. Qu'on se le dise, il y a bien trois séries françaises à ne pas louper. Kaamelott, Le Visiteur du Futur, et Hero Corp. Et le point commun entre les trois c’est… Simon Astier. Coïncidence ? Je ne crois pas.

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