mardi 4 décembre 2012

Test Zombi U

La Wii U est sortie ! Et si d’un côté elle essaye d’attirer les petits enfants avec Nintendo Land, comme le ferait un monsieur bizarre avec des bonbons dans une ruelle, la nouvelle console tente aussi d’appâter les plus vieux et les hardcore gamers avec un titre glauque, gore, et effrayant : Zombi U. Promu malgré lui comme le nouveau jeu phare de la nouvelle console de Nintendo, exploitant au mieux les capacités du Gamepad, tout le monde s’extasiait sur ce titre aussi excitant que terrifiant. Survie, et non action à tout prix, c’est ce que promet Zombi U. Alors, réussite ou plantage ?

Personne ne connaît exactement les possibilités techniques de la Wii U pour le moment, malgré des informations dévoilées non officielles à prendre avec des pincettes. Et de toute manière, la console est en début de vie, on sait très bien qu’avec le temps, les graphismes s’amélioreront et les développeurs arriveront à mieux exploiter la bête. Tout ça pour dire qu’il ne faut pas blâmer certains des premiers jeux qui d’un point de vue technique ne reflètent en rien les capacités de la Wii U. Et Zombi U en fait partie. Le titre aurait été beau, s’il était sorti aux alentours de début 2008. Malheureusement, 2013 approchant, ça fait vraiment dépassé. Les graphismes sont vieillots, et les textures pas très attrayantes. C’est dommage. On est loin de la claque que certains pensaient prendre. Heureusement, l’ambiance est là, bien présente, bien pesante, mais pas bien-pensante. Même si l’ensemble n’est pas forcément très original, se démarquant peu des autres productions, l’angoisse et le stress sont au rendez-vous. Et puis, Londres est assez reconnaissable, pour certains endroits notamment, tel que Buckingham Palace, avec ces tableaux et son ambiance sonore particulière. D’ailleurs, l’ambiance sonore du jeu est assez appréciable. Assez glaçante et peu rassurante, n’importe quel cri ou râle fait monter le niveau de stress. Et selon les situations, les cris du personnage que l’on incarne sont presque plus terrifiants que ceux des zombies. Plus on frappe, plus les cris de rage s’intensifie, s’apparentant quasiment à ceux d’une bête. C’est finalement assez réaliste, et ça renforce quand même pas mal l’immersion. C’est un bon point, pour un jeu qui se veut de survie.

 Coucou! Tu veux voir ma batte?

La survie justement, c’est le cœur du jeu. Si vous cherchez un titre on l’on mitraille des zombies à tour de bras, passez votre chemin et retournez jouer à Resident Evil 6. Ici, l’essentiel n’est pas de tuer à tout bout de champs, mais bien de réussir à vivre le plus longtemps possible. Evidemment, il faudra se défendre, ou bien attaquer, mais la sensation de réalisme prime sur le spectaculaire. Le jeu est d’ailleurs assez lent, parfois presque trop. A l’inverse des films blockbusters auxquels peuvent s’apparenter certaines grosses productions vidéoludiques, Zombi U serait un film du néo-réalisme, qui prend son temps, eu risque d’en faire perdre aux plus impatients. Mais c’est finalement cette ambiance lente et pesante qui donne son charme à Zombi U, au risque de déstabiliser les joueurs de plus en plus habitués à l’action et non à la sensation. Ici, les munitions se font rares, et les armes aussi. Seule la batte de cricket est notre meilleure amie lorsqu’il s’agit de défoncer le crâne à des zombies plutôt résistants. Et elle s’avèrera bien utile. Bien sûr, exploser des zombies à coups de pistolet, fusil, ou autre arme de ce type est possible, mais encore une fois, sans les munitions qui vont avec, l’arsenal devient bien vite inutile. La survie, la vraie, c’est quasiment sans arme, mas pas sans peur. Ce qui inclut que l’on répète plus ou moins constamment les mêmes gestes avec la batte. Cela renforce l’immersion et donne un côté viscéral au jeu, même si cela peut vite s’avérer répétitif, bien que réaliste. Surtout qu’il faut bien entre trois et huit coups pour se débarrasser des infectés. Ça peut paraître beaucoup, mais face à des zombies, en vrai, peu ferait les fiers.

Surtout qu’une seule morsure, et c’est la mort assurée. On peut avoir sa barre de vie complète, si on se fait mordre, c’est foutu. C’est en soit assez frustrant. Encore plus lorsque l’on sait que la mort est définitive. Pas de Game Over direct, mais un survivant qui devient infecté. On se réveille alors dans l’abri, la base de départ, incarnant un autre survivant. Et il faut tuer le zombie de son prédécesseur pour récupérer ses affaires dans son sac. Si le principe est génial, en pratique il s’avère assez pénible. Cette volonté d'originalité devient quasiment un aspect punitif assez lassant à force. Comme on reprend à la base, il faut se retaper tout le chemin avant de continuer. Et malgré la présence de raccourcis, cela reste peu agréable, et tue un peu le jeu. Et bien sûr, si l’on meut avant d’avoir récupérer le sac de son prédécesseur, les affaires seront redistribuées aléatoirement sur des zombies, au lieu de rester bien au chaud dans leur sac. Punitif, c’est bien le mot.

 Deux écrans, pour deux fois plus de plaisir?

Heureusement, la maniabilité tire bien profit du Gamepad. Et heureusement. Parce que s’il y a des secrets à découvrir dans Zombi U, bien cachés, et à chercher, le reste est particulièrement fade. Un point, une direction, on y va et l’on fait ce que l’on a à faire avant d’aller vers un autre point, etc… Très dirigiste, avec un peu trop de chemin couloir, c’est dommage. Sans oublier des temps de chargement trop présents, un peu longs, et parfois pour peu, comme pour uniquement ouvrir une porte qui mène vers une zone un peu « vaste ». Heureusement que l’aspect FPS fonctionne bien, et que la survie est réellement au cœur du jeu. On vise et tire/frappe assez facilement, et la vue subjective renforce la sensation de peur et de stress, immersion oblige. Le Gamepad affiche le point où aller pour la mission, et la carte, pour peu qu’on l’ait obtenue en piratant le système. Un radar est aussi présent, que l’on peut déclencher lorsque l’on en a envie, et qui indique la position des infectés, mais aussi des rats ou corbeaux, inoffensifs. Toutes formes de vies en soit, et c’est intéressant, puisque parfois stressant, même si c’est surtout bien utile. On peut aussi se servir du Gamepad pour analyser les lieux, et ainsi repérer des éléments à ramasser, ou des documents. Mais c’est surtout utile pour savoir où fouiller, afin de ne pas perdre de temps à chercher des objets partout en vain. D’ailleurs, lorsque l’on fouille un tiroir, un corps, ou que l’on vérifie juste son inventaire, tout se passe sur le GamePad. Sauf que le jeu ne se met pas en pause, il faut donc constamment gérer les deux écrans, puisqu’un zombie peut très bien nous attaquer alors que l’on cherche des objets. Quant au Gamepad, on peut aussi s’en servir pour faire apparaître des images ou indices que l’on ne peut pas percevoir autrement. A noter aussi que si l’on joue sa partie solo connecté au net, on peut laisser des messages sur les murs, ou bien lire ceux d’autres joueurs. Pas réellement utile, mais sympathique.

Zombi U a pour but de faire revenir vers Nintendo des joueurs plus hardcore qui auraient été déçus par la Wii. Si son ambiance oppressante et son intérêt qui privilégie la survie immersive à l’action non-stop ont de quoi séduire, le reste est moins convaincant. Malgré une utilisation intelligente du Gamepad, son aspect trop dirigiste, ses temps de chargements trop présents, et son utilisation bancale des multiples héros risquent de déranger et de ne pas forcément plaire. Le titre peut toutefois attirer des joueurs qui voudraient vivre une expérience nouvelle, et qui n’ont pas peur de la difficulté. Pas un gros ratage, pas du tout même, juste un jeu qui aurait pu être plus peaufiné, mais qui malgré tout n’en est pas déplaisant. On aurait juste aimé que l’invasion soit plus réussie, c’est tout.

13/20

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