lundi 14 janvier 2013

Test Ninja Gaiden 3 : Razor’s Edge

C’était au début de l’année dernière, Ninja Gaiden 3 sortait sur PS3 et Xbox 360, après quatre années d’absence pour la saga sur la console de Microsoft, et trois pour celle de Sony. Les fans jubilaient et attendaient ce volet de pieds fermes, vu que les précédents avaient su convaincre les joueurs, de par leur difficulté et leur réalisation. Malheureusement, seul la déception était au rendez-vous. Devenu trop accessible, sans réel défi, et privé d’une grande part de son contenu, cette sortie presque prématurée avait de quoi surprendre. Désormais, et avec presque un an d’écart, c’est au tour de la Wii U d’accueillir le titre. Mais plus qu’un simple portage, il s’agit d’une réelle relecture du jeu. Alors, bon ou toujours aussi décevant ?

Ninja Gaiden 3, c’est des QTE à n’en plus finir sans réel intérêt, des phases d’actions bourrines sanglantes mais sans les traditionnels démembrements, des combats trop faciles pour s’adapter à tous, un scénario qui faisait regretter à Ryu Hatabusa, le héros, chaque meurtre qu’il commettait, une seule arme, et une réalisation en dessous de ce à quoi la franchise avait habitué les joueurs. Ninja Gaiden 3 : Razor’s Edge, c’est la promesse de rectifier le tir afin d’offrir le jeu complet qu’on aurait dû avoir il y a un an. Si la réalisation est honnête, mais ne casse pas trois sabres à un ninja, on constate avec joie le retour des démembrements qui ont fait le bonheur des inconditionnels de la série et des plus sadiques qui assumaient clairement ce plaisir coupable. Certes, la violence c’est mal, mais les jeux vidéo ne sont pas la réalité, alors pourquoi se priver lorsqu’un titre va jusqu’au bout de ses idées ? A cela, on note que le scénario, s’il reste le même en grande partie, a quelque peu été modifié. Fini les regrets que l’on peut ressentir après un meurtre, fini les choix de tuer ou non certains adversaires, ici on avance et on découpe un point c’est tout. Si la malédiction touche toujours Ryu, on ne nous inflige plus ces scènes pénibles, et c’est tant mieux. Pour le reste, le scénario ne change pas, il est toujours digne d’un action movie nanardesque des années 80 couplé à un film fantastique totalement absurde du début des années 2000. Et toujours avec un premier degré de rigueur. Mais peu importe si c’est risible, ça en devient parfois tellement outrancier et caricatural que l’on se prend facilement à aimer et à suivre l’histoire. Et après tout, il y a bien pire comme scénar dans certains jeux ou films, alors bon, inutile de trop cracher dessus.

 C'est ce qu'on appelle trancher dans le vif

Ce que l’on constate avant tout, même s’il s’agit d’une suppression d’un pan scénaristique et de gameplay assez peu intéressant, ce sont les ajouts. Après tout, le contenu assez faiblard de la version d’origine ne pouvait qu’être étoffé. On trouve donc une campagne solo un peu plus garnie, sans être non plus grandement rehaussée. Deux niveaux inédits ont été ajoutés. Ce qui marque cependant, c’est qu’on n’y contrôle pas ce cher Ryu Hayabusa, mais la jeune et séduisante Ayane. Et tout de suite, c’est un argument plus vendeur, mais aussi plus légitime pour la série. Si son insertion dans le scénario n’est pas réellement folichonne, ni même tout à fait cohérente, ces passages ont au moins le mérite d’exister, et ne serait-ce que pour le plaisir des yeux petits coquinous, c’est déjà fort plaisant. A noter qu’en mode défi, il est aussi possible d’incarner Kasumi. Un jeu qui du point de vue de ses personnages jouables est en forme, comme ses héroïnes finalement. Cependant, l’intérêt est ailleurs dans Ninja Gaiden, série qui s’est toujours démarquée par son gameplay technique et exigeant.

 On vous a dit qu'Ayane faisait son retour?

Ninja Gaiden c’est une difficulté légendaire, une peur constante de mourir, et une maîtrise absolue des méthodes de combats et des combos pour survivre. Ninja Gaiden 3, c’est une simplicité accessible à tous, des QTE à tout va, et un défi inexistant. Heureusement, cette version Razor’s Edge a su relevé le niveau. Inutile de s’attendre toutefois à un défi ultime quasi inaccessible pour les novices et que seul les plus agiles et les plus acharnés réussiront à affronter. Certes, la difficulté a été revu à la hausse, et c’est tant mieux, cependant l’ensemble demeure encore assez accessible pour peu que l’on maîtrise les combats. Et encore. S’il est clairement nécessaire d’assimiler les différents combos et les stratégies les plus adéquates, le titre reste relativement peu technique. Certes, c’est bien mieux de savoir où et quand appuyer sur un bouton, quand attaquer, quand esquiver, mais dans certaines situations marteler la manette à tout bout de champs peut aussi s’avérer utile. A défaut d’être un jeu d’action très technique, Ninja Gaiden 3 : Razor’s Edge a au moins le mérite d’être un jeu d’action bourrin et défoulant à souhait. On peut regretter une certaines répétitivité dû au genre, et des ennemis qui tendent à se répéter et peinent à se renouveler au fur et à mesure de l’aventure. Au moins, la caméra n’est pas trop gênante pour une fois, même si parfois une légère confusion peut advenir, mais ce n’est pas réellement la faute de la caméra. La grosse nouveauté, c’est la présence de différentes armes, à découvrir au fur et à mesure, et interchangeables à souhait, qu’il est possible d’upgrader, là où la première version ne proposait que le sabre. De même, les ninpos, sont eux aussi upgradables, et on peut bien entendu apprendre de nouvelles techniques au choix au cours de l’aventure, ce qui renforce le dynamisme des combats. Malgré tout, bien que rythmé et finalement plaisant, on regrette que les QTE, pourtant grandement évincés de cette version, soient toujours de la partie. Certes, ils sont bien moins dérangeants qu’auparavant, mais ils nuisent au rythme et à l’aspect héroïque de certaines séquences. Sans parler des phases d’escalade assez laborieuses qui consistent à appuyer sur les gâchettes, clairement affichées à l’écran. D’ailleurs, si l’ensemble des phases d’action s’en sort bien, le reste est un peu moins avantageux. Dans des décors couloirs, on avance, on participe à des phases de plate-forme maladroites, et on avance encore jusqu’aux prochains ennemis. On aurait pu espérer mieux, malheureusement ce n’est pas le cas. Dommage, même si ce n’est pas pour ça que l’on va jouer au jeu.

Ninja Gaiden 3 : Razor’s Edge est finalement un mélange entre The Expendables et Kill Bill. D’un côté, l’Action Hero invincible qui dézingue des ennemis à tout va, de l’autre une complaisance dans le gore et les effusions de sang provoqués par des lames bien tranchantes. A cela on peut aussi ajouter une dose de fantastique un poil outrancière à la Asura’s Wrath, et on obtient la recette du titre. Et avec les doublages japonais de surcroît ! Voilà de quoi séduire les amateurs d’action à la limite du risible, mais qui s’assume au point d’en devenir intéressant. Bien entendu, on joue pour le gameplay, pas pour le scénario. Bien que la difficulté ait été relevée, l’ensemble demeure toujours trop accessible, perdant la difficulté légendaire de la série. Au final on tranche dans tous les sens sans réelle peur de périr, mais on se surprend à aimer. Certes, le jeu n’a pas la trempe d’un Ninja Gaiden et ne mériterait presque pas de porter ce nom, mais malgré tout, on prend un certain plaisir à parcourir l’aventure, et surtout on remercie le studio d'enfn nous offrir la version complète du titre. Pas le jeu du siècle, pas le jeu de l’année, mais un titre réservé aux fans d’action non stop qui veulent simplement jouer sans se prendre la tête en s'offrant un petit plaisir coupable rouge sang. De nos jours, c’est déjà bien, alors ce serait dommage de bouder son plaisir.

14/20

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire