lundi 13 mai 2013

Test Metro : Last Light

Littérature et jeux vidéo peuvent faire bon ménage. On en a eu la preuve en 2010, avec la sortie de Metro 2033, adapté du roman éponyme de Dmitri Gloukhovski. Ce FPS, non exempt de défaut, arrivait à retranscrire une ambiance poisseuse et oppressante dans les tunnel du métro de Moscou, ainsi qu'à la surface, inhabitable suite à un apocalypse nucléaire. Entre science-fiction et fantastique, on suivait le parcours d'Artyom, un jeune homme qui n'avait rien d'un héros, mais qui allait se révéler plus intéressant qu'on aurait pu le croire. Metro : Last Light est la suite du jeu, mais n'est pas tiré de l’œuvre Metro 2034. On continue d'incarner Artyom, dans une quête aussi troublante que prenante. Entre survie, visions cauchemardesques, et déchéance d'une humanité qui tente de survire autant que possible, la lumière semble bien être la dernière.

Metro 2033 avait réussi à imposer une ambiance et un univers dérangeant et glauque, fidèle au roman, mais avec une identité visuelle propre. Des couloirs sombres et inquiétant à la surface enneigée et glaciale, il y avait de quoi se sentir parfois mal à l'aise. Metro : Last Light reprend cette atmosphère et la retranscrit toujours aussi parfaitement, en apportant des nouveautés plus que bienvenues. Les couloirs humides et sombres se succèdent, et laissent place à une belle bande de créatures aussi effrayantes que potentiellement humaines. Certes, les mutants ou autres bestioles sont terrifiantes, de par leur force, mais aussi par leur taille parfois, mais certains des ennemis les plus terribles restent les humains. Avides de pouvoirs, totalement dérangés suite au nombreux dérèglements, ou bien cherchant à imposer leurs idéologies (néo nazisme ou communisme primaire), les hommes demeurent toujours la pire menace pour eux-même, et ce n'est pas ce Metro qui va nous faire penser autrement. C'est donc dans cette ambiance totalement anxiogène que l'on évolue, entre stations de métro partiellement habitées, tunnels aussi sombres qu'angoissants, et surface ravagée à la population mutante peu amicale. Visuellement, c'est vraiment bien foutu, les décors suintent, sont dégueulasses comme on pourrait se l'imaginer dans la vraie vie, et on sentirait presque l'odeur nauséabonde qui devrait se dégager des lieux visités. Et pourtant, alors que tout semblait bien parti et que cet univers crédible ne demandait qu'à être reconnu comme admirable, il fallait qu'il y ait ces petits trucs pour venir gâcher un peu l'ambiance. Des couloirs sombres, une surface verdâtre et grisâtre, ok, pourquoi pas, c'est cohérent. Malheureusement, quand tout est finalement très terne, ce qui survient au fil du temps, ce n'est plus l'admiration des décors, ni même l'ennui, mais pire, ce sentiment d'être constamment perdu au même endroit. Tout se ressemble tellement, que pour peu que le lieu soit un tant soit peu ouvert, on ne sait jamais réellement où il faut aller. Un comble pour un jeu couloir ! A cela s'ajoutent divers bugs qui entachent parfois salement la maniabilité lorsqu'ils ne sont pas risibles, mais heureusement rares, et finalement, cet univers visuel si cher aux créateurs et aux joueurs deviendra plus un simple terrain de jeu presque basique et non la petite claque à laquelle on s'attendait. Heureusement, le scénario sauve un peu la mise, offrant des histoires sordides de complots et autres noirceurs de l'âme humaine, ainsi que des visions cauchemardesques aussi dérangeantes que passionnantes. C'est déjà ça de sauvé.

 C'est joli Moscou dites donc...

Côté gameplay, Metro : Last Light ne propose rien de réellement inédit, mais les bases du genre sont là, et elles assurent ce qu'il faut de cohérence au jeu. On est face à un FPS classique, on avance, on tire, et l'on effectue toutes sortes d'actions que le genre a répandu depuis quelques années. Le héros, Artyom, peut porter trois armes à la fois, et au fur et à mesure du jeu, il peut les améliorer afin de posséder celles qui lui conviennent le mieux. Chaque joueur est donc finalement assez libre d'utiliser ce qui lui plaît. Pour le reste, alors que le titre aurait pu le proposer, on ne se contente pas d'exploration, mais de phases de jeu en couloirs, lors desquelles on avance pour arriver à un endroit précis, ou déclencher un certains type d'événement. A la manière des FPS blockbusters modernes, du genre Call of Duty, Metro : Last Light mise beaucoup sur le spectaculaire, parfois au détriment de l'angoisse, et les effets pyrotechniques ou cinématographiques sont bien souvent présents, comme les très nombreuses actions scriptées bien entendu. Derrière cette façade, il y a pourtant de bonnes idées, qui pourtant ne sont pas neuves, puisque tout droit venues de Metro 2033. La lumière tout d'abord, puisqu'elle est dans le titre, est à la fois votre meilleure alliée comme votre pire ennemie. Lorsqu'ils s'agit d'éliminer certaines créatures des ténèbres uniquement sensibles à la lumière, on est bien content d'avoir sa torche pour détruire ces saletés. D'ailleurs, la batterie s'use au fur et à mesure, et s'il n'est pas nécessaire de trouver des piles ou autres, il faut penser à régulièrement alimenter manuellement la dynamo, sous peine de se retrouver bêtement en panne, et dans certaines circonstances, c'est assez embêtant. Et puis, la lumière, votre pire ennemie, puisqu'elle peut vous faire tuer. Lorsqu'il s'agit de s'infiltrer, mieux vaut ne pas se faire repérer. Alors on éteint sa torche, et on peut aussi éteindre les lampes du jeu, via une commande, ou comme un porc, avec une arme. Un voyant lumineux sur la montre indique si l'on est repérable ou non. Si l'on peut privilégier l'approche de gros bourrin, l'infiltration est parfois préférable, tant auprès des humains que de certains mutants. Ce qu'il faut aussi savoir sur le jeu, c'est qu'il cherche à mettre en avant le réalisme et les sensations crédibles. Ainsi, lorsque notre personnage porte son masque à gaz, il a bien entendu un temps limité devant lui, mais surtout, selon les coups qu'il prend, ce masque peut se briser, devenant inutile. De même, la pluie, le sang ou la boue viennent se coller au masque, dérangeant la vision générale. Il faut appuyer sur un bouton pour essuyer son masque, temps court certes, mais durant lequel on est sans défense. Metro : Last Light fait donc tout pour être crédible et unique, malgré l'héritage des FPS blockbusters récents.

 Les humains peuvent être vos pires ennemis

Malheureusement, malgré toutes ses qualités potentielles et ses idées aussi réjouissantes qu'intéressantes, Metro : Last Light souffre d'énormément de problèmes, principalement dans sa maniabilité. Le côté couloir scripté est parfois trop prononcé, au point de briser parfois le rythme, même si ce n'est pas encore un trop gros problème. Là où sa devient véritablement embêtant, c'est dans la progression. Il n'est pas rare, pour ne pas dire très fréquent, qu'on ne sache pas ce qu'il faut faire. Et pourtant, on possède une boussole pour nous indiquer la route. Le gros problème vient du manque d'information ; on ne sait pas toujours ce qu'il faut faire si ce n'est bêtement avancer ; mais aussi des décors qui se ressemblent trop. On se perd parce qu'on ne sait pas où il faut aller, comment y aller, ou parce que le chemin ne ressemble à rien de potentiellement utilisable. Et lorsqu'on est dehors, avec un temps limité du fait du masque à gaz, tourner en rond n'a rien d'amusant. On peut aussi noter que les actions contextuelles scriptées faisant avancer le jeu peuvent se déclencher en appuyant sur une touche, mais aussi sans que l'on ne fasse rien, juste en étant là au bon moment. Le problème, c'est que rien ne nous indique si l'on est au bon endroit ou non, si ce n'est le déclenchement de l'action en lui-même. Or, parfois, il suffit d'être à quelques centimètres d'écart pour que rien ne se déclenche. On peut donc tourner en rond comme un abruti en pensant ne pas être au bon endroit, alors que si, mais rien ne nous le laisse penser. Sans oublier les actions scriptées qui parfois n'ont pas lieu, forçant le joueur à revenir au précédent point de sauvegarde sous peine d'attendre inutilement et éternellement. On note aussi que si tomber dans l'eau est dangereux parce que l'on peut s'y faire bouffer, c'est surtout la bêtise du héros et les incohérences visuelles qui choquent. Essayer de sauter au dessus d'une étendue d'eau, tomber juste devant la plate-forme, remonter à la surface juste devant, et se relever sur la surface de terre non pas que l'on a essayé d'atteindre, mais que l'on a quitté, oui c'est absurde. Regarder tout droit pour sortir en arrière, c'est aberrant même ! On pourrait aussi pester contre les fusillades, très vite brouillonnes et illisibles, qui rendent l'action incompréhensible, et qui n'aident pas à la réussite, bien au contraire. C'est quand même un peu un comble dans un jeu privilégiant l'action, de partir en sucette dès qu'il y en a justement un peu trop d'action. A savoir que vous coéquipiers ne vous faciliteront pas la tâche non plus, se positionnant régulièrement devant vous, voire même à travers vous ! Oui, il y a des bugs parfois gênants, mais on va éviter de tous les citer. Il y en a peu au final, mais ils sont quasiment tous dérangeants dans le gameplay, forçant souvent à reprendre à sa précédente sauvegarde. Oui, un univers, c'est bien, un gameplay qui suit, c'est encore mieux.

Metro : Last Light avait tout pour être un très bon jeu, mais le destin en a voulu autrement. La promesse d'un univers dérangeant accompagné d'une ambiance oppressante et anxiogène est bien tenue, et dans son scénario, son aspect visuel, ou bien son rendu sonore, rien n'est véritablement à reprocher. C'est dès que l'on rentre dans le gameplay que l'on se rend compte de l'ampleur des dégâts. Apporter peu de réelles nouveautés à un genre, cela n'est pas trop grave, on ne demande pas à un jeu de réinventer le genre à chaque fois, mais s’emmitoufler dans des défauts totalement aberrants et qu'on n'imaginait plus digne de ce type de productions, c'est déjà moins pardonnable. Alors oui, il reste à Metro : Last Light son univers qui a de quoi réellement séduire, mais malheureusement, lorsque le gameplay, pas forcément dégueulasse dans l'absolu, n'est pas à la hauteur, on obtient un résultat mitigé. A noter, dans les points négatifs, que le jeu n'est pas du tout optimisé pour PC, on préférera donc y jouer sur console, un comble pour un FPS. Sans oublier le mode de difficulté extrême, disponible uniquement en DLC ou dans l'édition spéciale du jeu, un scandale. On reste donc un peu sur sa faim, et peut-être que l'on en attendait trop de ce titre très prometteur, qui tient parole dans son ambiance, mais qui a de quoi décevoir pour le reste. A vous de voir si vous avez envie de tenter l'expérience, qui vaut pourtant le coup. Reste à savoir si une suite, basé sur le roman Metro 2034 verra le jour dans quelques années, où s'il s'agit ici du dernier Metro.

13/20

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