dimanche 17 juin 2012

Test Game of Thrones

Test réalisé à partir d’une version Xbox 360 et d’une version PC.

Tout le monde connaît A Song of Ice and Fire. Ou plutôt tout le monde connaît l’adaptation en série télé, Game of Thrones. Pour ceux qui ne connaîtrait que la VF, Le Trône de Fer. A Game of Thrones, ce n’est pas le nom de la saga, mais celui du premier tome, sorti en 1996, écrit par le fameux George R. R. Martin. Cinq tomes sont parus à ce jour, sur sept prévus au total, composant l’univers fantasy sombre, cynique, et très cru de A Song of Ice and Fire. Différents jeux de rôle ou de plateau basés sur les romans ont aussi vu le jour. C’est cependant grâce à l’adaptation en série télévisée par la chaîne américaine HBO que la saga est devenue un véritable phénomène. Il était donc temps qu’un jeu vidéo basé sur l’univers sorte enfin. Et ce fut le cas dès septembre 2011, avec A Game of Thrones – Genesis, un jeu de stratégie développé par Cyanide et édité par Focus (deux sociétés françaises). Les deux mêmes boîtes nous proposent dorénavant un nouveau jeu. Plus question de stratégie en temps réel, voici un jeu de rôle.

Le studio Cyanide est composé de fans de la saga littéraire de George R. R. Martin. C’est donc avant que la série télé n’existe qu’il en a acquis les droits. C’est assez rassurant de savoir que le jeu a été fait par des fans puisque cela laisse espérer une qualité de jeu exemplaire. Malheureusement, si un développeur fan de la saga qu’il adapte c’est bien, un studio de développement qui a les moyens financiers de réaliser un projet d’une telle envergure, c’est mieux. Parce que tout au long de ce test, c’est ce que je vais vous faire comprendre.

Game of Thrones, le jeu, se déroule principalement durant les évènements narrés dans le premier tome. Il n’est pas forcément nécessaire d’avoir lu le livre ou d’avoir vu la première saison de la série pour comprendre la trame du jeu, mais cela est toutefois recommandé. Le joueur n’incarne pas un personnage existant dans les romans. Si l’histoire se déroule dans le même univers et à la même époque, c’est au travers de deux protagonistes distincts que l’on vivra cette aventure. Mors est un frère noir de la Garde de la Nuit, tandis qu’Alester est un prêtre rouge vénérant le dieu R’hollor. Vous ne jouez pas les personnages au choix ou successivement au cours d’une mission, mais de façon alternative à travers des chapitres qui se succèdent. Une fois Mors, une fois Alester, et ainsi de suite. Si le tout peut paraître déroutant avec un rythme cassé, il n’en est rien. Au contraire, à chaque fois on a hâte de retrouver l’autre héros, et jamais l’un va l’emporter sur l’autre dans l’affection du joueur. Un système efficace donc, surtout que si chacun possède sa propre histoire personnelle, les deux trames vont s’entrecroiser de manières fort intéressantes.

 Winter is coming

C’est là que réside la véritable force de Game of Thrones, dans son écriture. George R. R. Martin n’a pas directement travaillé sur le jeu, mais il s’est assuré que son univers soit respecté. Et on ne peut qu’agréablement constater que c’est le cas. Aussi noir, dure et violent que ne le sont les romans, le jeu n’offre pas de vision manichéenne, mais un monde dans lequel tous se confondent et qui n’a comme seul moralité que celle que l’on veut bien lui donner. Et justement, c’est à vous de la lui donner. En tant que jeu de rôle, de très nombreux dialogues à choix multiples s’offre à vous, et c’est à vous de prendre la décision qui vous convient le mieux. Laisser agoniser quelqu’un, lui donner une mort rapide contre des informations, ou encore le torturer pour qu’il parle, les choix que vous feront seront les bons, mais il ne faut pas les négliger parce que les conséquences suivront, parfois plusieurs chapitres après. Qu’on se le dise, rarement un système de discussion à incidence n’a été aussi abouti dans un jeu. Quand je dis que le travail d’écriture est impressionnant, c’est sur tous les points. Et heureusement, parce que le jeu est bavard et vous aurez de quoi lire. Mais finalement, c’est comme les livres ou la série, tout passe par l’élocution. Quand on joue au jeu des trônes, il faut gagner ou mourir, et le plus souvent la victoire s’acquiert par les dialogues ou les non-dits. Quelque soit vos décisions, leur répercussions seront logiques, donc tant que vous assumez, il n’y a aucun problème. C’est le véritable point fort du jeu.

 Faites les choix qui vous conviennent le mieux

Pour le reste en revanche, ça va moins fort. Si une bonne moitié du jeu se base sur les dialogues, l’autre moitié se concentre sur l’action et l’exploration. Enfin, c’est vite dit. Les phases de jeu libre sont extrêmement limitées, et l’on se contente le plus souvent d’aller d’un point A vers un point B. On peut bien se balader, faire un peu de commerce, ou parler avec les rares PNJ avec lesquels on peut interagir, mais finalement cela n’est pas réellement intéressant ni utile. Et si vous pensiez pouvoir visiter les quatre coins de Westeros librement, ce n’est pas le cas non plus. Dans les villes, peu de chemins s’offrent à vous et n’imaginez pas pouvoir rentrer librement dans les bâtiments à l’instar d’un The Legend of Zelda ou d’un Final Fantasy. Quant aux déplacements d’un lieu à un autre, ils se font via une carte sur laquelle on sélectionne l’endroit où aller. Effectivement, ça réduit considérablement la partie exploration.

 Avant de partir, il faut s'équiper

Restent donc les combats. Ici, pas de tour par tour, ni même de combat en temps réel. Tout repose sur le principe de la pause active. Dès que l’on croise un ennemi, on sort son arme et on passe en mode combat. Différentes possibilités s’offrent alors à vous. Soit vous appuyez bêtement sur le bouton d’action et vous effectuerez un coup de base, soit vous utilisez la pause active. Ce principe consiste à ralentir le temps (il ‘est pas arrêté, vous pouvez vous prendre des coups) afin de sélectionner une attaque spéciale, consommant de l’énergie. Ces attaques seront apprises différemment par vos soins du fait de la classe choisie et de vos décisions à chaque montée de niveau, et elles varient pour les deux personnages. Mors peut par exemple demander à son chien d’attaquer des ennemis, tandis qu’Alester possède le pouvoir de maîtriser le feu. Si le principe n’est pas inintéressant et propose même un aspect technique et tactique, il s’avère toutefois décevant puisque les combats deviennent finalement peu dynamiques. Et l’animation rigide des personnages n’arrangent pas les choses. Le tout devient aussi assez confus pour peu qu’il y ait trop de personnages à l’écran, ne sachant plus toujours qui tape sur qui. Dommage, il y avait de l’idée.

 Voici la pause active

Le reste de la jouabilité est assez classique pour un RPG. On choisit sa classe et le style de combat qui va avec, on constitue son équipement, on monte de niveau… La nouveauté consiste en un système d’atouts et de faiblesses qui doivent s’équilibrer. Par exemple, le personnage peut avoir la capacité d’être un meneur d’hommes d’exception ou d’être plus précis dans ses coups, mais en contrepartie il aura peur du sang ou sera paranoïaque. Assez intéressant, surtout que de nouveaux atouts ou faiblesses peuvent venir se greffer à celles que vous possédez en cours de partie selon vos décisions prises au cours du jeu. Les protagonistes utilisent aussi des pouvoirs qui leur sont propres. Mors peut par exemple prendre possession de son chien. Le joueur contrôle donc la bête, ce qui permet d’écouter discrètement des conversations, de pister un individu à son odeur, ou d’égorger des ennemis sans se faire repérer et en évitant le combat. Alester peut voir des choses invisibles comme par exemples des interrupteurs cachés, fort utile pour ouvrir un passage. Si l’on reste dans le classique côté RPG, on ne peut que se réjouir de ses apports.

 Dans la peau du chien, j'espionne ces gens

Maintenant, passons à ce qui est le plus terrible dans le jeu : sa réalisation. N’y allons pas par quatre chemins, le jeu accuse un retard technique considérable. Les textures sont parfois vraiment crades, la modélisation des personnages est dépassée, et les bugs graphiques sont légions. Dès qu’on ouvre une porte, on passe au travers par exemple. Et encore, ce n’est presque pas choquant vu ce qui se passe des fois. C’est là qu’on voit que malgré de gros efforts, le studio Cyanide a manqué de moyen. Heureusement que le visuel reprend en grande partie celui de la série, puisque malgré une réalisation à la ramasse, le tout est bien retranscrit. La plupart des personnages de la saga faisant leur apparition ont aussi le droit à leur modélisation, ce qui n’est pas plus mal. Malheureusement, en plus d’une réalisation moyenne, la mise en scène n’est en rien équivalente ou même comparable à celle de la série télé, c’est vraiment dommage. Et comme précisé plus haut, l’animation des personnages n’est pas folichonne, et dans de rares cas elle est même vraiment ridicule. Par chance les musiques sont reprises ou inspirées de celle de la série. On retrouve donc le fameux thème d’ouverture qui est dorénavant connu dans le monde entier. Pour ce qui est des doublages, la version française est tout simplement catastrophique, avec des personnages secondaires qui parlent comme les vieux dans la pub pour le camembert moulé à la louche, avec des accents paysans grotesques. Seuls les personnages principaux s’en tire. Mais bon, la VF c’est pas bien de toute façon, pour tout, la VO est toujours meilleure, et je n’aurais jamais tenté le français si je n’avais pas eu à faire le test. Quant à la version originale, je l’ai essayée aussi, et là, c’est déjà plus convaincant et supportable, et de très loin. Surtout que certains acteurs de la série prêtent leur voix à leur personnage dans le jeu. Donc finalement, côté son, on n’a pas trop à se plaindre.

Dans ces moments-là, mieux vaut savoir qui fait quoi

Difficile de donner une note à un tel jeu. Si sa réalisation s’avère en grande partie décevante, son travail d’écriture et sa fidélité à l’univers créé par Georges R. R. Martin sont tout à l’honneur des développeurs. Les fans de la saga littéraire ou télévisuelle apprécieront l’ambiance du jeu, qui s’adresse directement à eux, et passeront sûrement outre les défauts. Ceux qui sont étrangers à la saga peuvent passer leur chemin, ils risquent de s’ennuyer et de ne pas être pris dans l’histoire. Un jeu fait par des fans et qui finalement, suite à divers problèmes techniques et un manque de moyens flagrant, s’adresse exclusivement aux fans, qui seront probablement conquis.

11/20

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